72. ENCYCLOPÉDIE : ORPHÉE
Orphée est le fils du roi de Thrace, Oeagre, et de la muse Calliope. (La Thrace se trouvant à l’emplacement de l’actuelle Bulgarie.) Dès son jeune âge Apollon lui fit don d’une lyre à sept cordes, à laquelle il en ajouta deux en hommage aux 9 Muses, les sœurs de sa mère. Celles-ci l’éduquèrent dans tous les arts, et tout particulièrement dans la composition musicale, le chant et la poésie.
Orphée était si talentueux qu’on prétendait qu’au son de sa lyre, les oiseaux cessaient de chanter pour l’écouter. Tous les animaux accouraient pour l’admirer. Le loup courait près de l’agneau, et le renard près du lièvre sans qu’aucun animal n’ait envie d’en agresser un autre. Les fleuves cessaient de couler, les poissons sortaient de l’eau pour l’écouter.
Après un voyage en Égypte où il fut initié au Mystère d’Osiris, il prit le nom d’Orphée (du phénicien : « Aour », la lumière, et « Rophae », guérison, celui qui guérit par la lumière) et fonda les Mystères orphiques d’Éleusis. Puis il se joignit aux Argonautes à la recherche de la Toison d’or. Par la beauté de son chant, il donnait du courage aux rameurs, il calmait les flots agités par les vents. Il charma et endormit le dragon de Colchide, gardien de la Toison d’or, permettant à Jason de réussir sa mission.
Après son voyage avec les Argonautes, Orphée s’établit en Thrace dans le royaume de son père et épousa la nymphe Eurydice. Un jour, celle-ci, voulant échapper aux avances du berger Aristée, s’enfuit précipitamment et posa le pied sur un serpent. Le reptile la mordit et elle mourut aussitôt.
Fou de douleur, Orphée alla la rechercher au royaume des morts pour tenter de la sauver. Il marcha vers l’ouest, tout en chantant tristement son amour pour la défunte.
Les arbres en furent émus et ils montrèrent le chemin avec leurs branches pour lui indiquer l’entrée de l’Enfer.
Avec sa lyre, il calma le féroce Cerbère, apaisa un moment les Furies, charma les juges des morts et interrompit momentanément les supplices des condamnés. Il joua si bien de la lyre qu’Hadès et Perséphone l’autorisèrent à ramener Eurydice dans le monde des vivants. Cependant le dieu des Ténèbres imposa une condition : ne pas se retourner jusqu’à ce que sa femme soit revenue sous la lumière du Soleil.
Eurydice suivit donc Orphée dans les couloirs qui menaient à la sortie, guidée par la musique de sa lyre.
Au moment où il parvenait à la lumière, inquiet de ne plus entendre ses pas, il tourna la tête pour voir si Eurydice le suivait toujours.
Ce seul regard à son épouse lui fit perdre d’un coup tout le fruit de son effort. Euridyce était définitivement perdue. Une brise légère toucha son front comme un dernier baiser.
Revenu en Thrace, Orphée demeura fidèle à son épouse disparue, vécut en ermite, chantant du matin au soir la tristesse de son amour perdu.
Il dédaigna l’amour des femmes de son pays, qui finirent par le haïr.
Edmond Wells,
Encyclopédie du Savoir Relatif et Absolu, Tome VI.